Portrait villageois : Emile Deleuil

Publié le par Pedro Milanus

En cette période de campagne électorale intense, les Gens d'Ici ont choisi de consacrer un portrait à la figure tutélaire de la gauche communale : Emile Deleuil, qui est devenu maître dans l'art de commander sans gouverner.

Emile Deleuil est issu d'une famille ancienne de la commune dont l'histoire est liée à celle de Calas en particulier.

C'est un homme d'une intelligence tactique redoutable et d'un charme profond.

Très tôt, il adhère au parti socialiste qui, à l'époque, s'appelle encore la SFIO (section française de l'internationale ouvrière). La chose publique le passionne. Et c'est ainsi qu'à 26 ans à peine, il devient le plus jeune conseiller municipal de Raymond Martin.

Beaucoup de ceux qui, dans notre commune, sont trentenaires ou quadragénaires, le connaissent surtout comme le passionné et passionnant professeur d'Espagnol, grand amoureux de la culture hispanique et amateur de corrida.

Emile Deleuil est fasciné par le personnage de Jean Jaurès, qu'il cite souvent, et à qui il a consacré deux conférences très détaillées et très bien construites.

Voilà pour les éléments lumineux de la personnalité d'Emile Deleuil, mais ce dernier a une part plus sombre, plus secrète, qui est celle de son machiavélisme.

Car le poids d'Emile Deleuil, dans les affaires communales de ces 20 dernières années, est considérable.

C'est lui qui, en 1995, suscite la candidature de Pierre Charpin, le "bon docteur", car il le sait populaire.

De 1995 à 2001, il est son premier adjoint, en charge notamment de la sécurité.

Cette expérience sera pesante. Il découvre à cette époque que l'exposition publique inhérente à la fonction d'élu n'est pas faite pour lui : elle engendre une tension, un stress, qu'il ne peut supporter.

Alors, quand Hervé Fabre-Aubrespy remporte l'élection municipale en 2001, il décide de jouer un tout autre rôle : celui de monarque réel, assis dans l'ombre du monarque légal.

Pour arriver à ses fins, il met en place un plan d'ensemble, qui consiste à masquer les socialistes partout où ils sont, dans cette commune désormais résolument à droite.

Il fait de la section socialiste de Cabriès, dont il est le véritable patron, une sorte de franc-maçonnerie locale : les socialistes doivent être partout, mais n'apparaître nulle part.

Dans ce cadre, c'est l'association "Demain Cabriès" qui va servir de paravent entre la section locale du PS et la population, ce qui permet à l'association de se dire "apolitique".

Emile Deleuil contrôle la section socialiste, qui elle-même contrôle l'association "Demain Cabriès" : c'est donc Emile Deleuil qui contrôle "Demain Cabriès" dont le fonctionnement, loin s'en faut, est assez peu démocratique.

C'est par et avec cette mécanique qu'Emile Deleuil va saper l'empire fabriste, avec le fameux "papier vert" dont il organise la distribution, et en choisissant par avance un candidat qu'il imposera à tous : Richard Martin.

Richard Martin est choisi pour son physique, sa bonhomie, son caractère souple et assez consensuel : il ne choque pas le bourgeois et fait de gauche, sans faire socialiste. Il est donc, aux yeux d'Emile Deleuil, le candidat idéal.

L'entreprise réussit et l'élection est gagnée en 2008.

Emile Deleuil se voit alors en maître de Cabriès, mais les choses vont se compliquer, car la "créature Martin" va s'émanciper. Lors d'un entretien houleux en début de mandat, Martin dit à Deleuil : "le maire, c'est moi". C'est le désamour qui commence.

Emile Deleuil va alors agir sur des éléments internes à la municipalité, pour peser sur les décisions prises, et susciter une autre candidature en 2014. Il pense d'abord à l'un de ses poulains, Mehdi Medjati, son ancien élève, qu'il a fait entrer à la section socialiste en 2002 et à Demain Cabriès dans la foulée. Mais il se ravise en cours de mandat : Mehdi a une personnalité trop forte, trop indépendante, pour être un instrument en 2014. L'élève prend trop de place aux yeux du maître, lequel pense que, s'il devient le patron, il le sera de manière absolue, sans possibilité d'influer sur ses actes. Ce serait en fait la fin de la monarchie occulte d'Emile Deleuil.

Il va donc se raviser et jeter son dévolu sur Catherine Magnan, plus malléable, plus influençable, moins tranchante. Il va lui offrir la présidence de Demain Cabriès et se servir d'elle pour opposer une fin de non-recevoir aux prétentions d'un Hervé Ghévontian qui, lui aussi, n'est pas personne à être dirigée et qui, de surcroît, a le mauvais goût d'être un membre de l'UMP.

Catherine Magnan va toutefois elle-même se raviser du fait de problèmes de santé, de dos, qui sont probablement le résultat d'un investissement communal immodéré.

Elle va souffler le nom d'Anne Lanfranco à Emile Deleuil, qui va approuver. Bon teint, catholique, souriante, de gauche sans trop le montrer : elle peut recevoir le logo "AED" : "approuvée par Emile Deleuil".

Et c'est ainsi que, sans aucun vote, sans aucune consultation interne à Demain Cabriès, Anne Lanfranco est bombardée candidate. C'est ce qui explique que si peu de colistiers de Richard Martin se retrouvent, aujourd'hui, autour de la candidate.

La stratégie de 2014 aura t'elle le même succès que celle de 2008 ?

On peut en douter, tant le socle de l’électorat Martin a fondu, comme neige au soleil, du fait des luttes internes et, surtout, du véritable déni de démocratie dont est issue la liste actuelle de la majorité sortante.

"Démocratie est le nom que nous donnons au peule chaque fois que nous avons besoin de lui" dit Robert de Flers. Emile Deleuil, dans son for intérieur, ne pense pas autre chose.

Mais si ses choix aboutissent à un échec en mars 2014, son règne aura vécu.

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J
Pour l'équité, il faut maintenant un article sur la (les) personne(s) occulte(s) qui sont en embuscade derrière l'autre (les autres) liste(s). Et qu'attendent-elles ?
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