Le mélange des genres

Publié le par Lolita Calas

Notre maire n'en finit plus de se marier. Il exhibe son bonheur, montre son épouse, insiste sur son âge et nous fait partager sa réussite. Il a l'air sincère et bien sûr on lui souhaite beaucoup de bonheur. Mais la manière dont les choses se passent suscite à la fois des chuchotements hypocrites et des interrogations légitimes. Laissons de côté les chuchotements pour nous intéresser aux interrogations.

Il faut le dire. Au piton on n'a pas aimé le mélange des genres de cet été. Pour le mariage civil du maire, la municipalité a privatisé le piton et a fait d'un événement qui est avant tout privé une cérémonie publique. Beaucoup au piton l'ont ressenti. Pourtant personne ne l'a dénoncé publiquement. Aucun de nos blogs communaux ne l'a écrit. Personne n'a hurlé. On l'a bien soupiré ça et là à l'abri des regards indiscrets et des oreilles qui traînent mais ce n'est pas allé plus loin.

Cette cérémonie est unique dans l'histoire de notre commune. Elle était surréaliste et il est temps de le dire. Pour un événement privé on a mobilisé la police municipale, des agents communaux, du mobilier urbain donc public. On a aussi réservé des places de stationnement à toutes les huiles locales venues assister à l'union de leur ami. On a aussi privatisé la place Honoré Martin que nous appelons tous place des marronniers.

Pendant ce temps des habitants du piton ne pouvaient plus se garer quand d'autres ne pouvaient plus accéder à leurs véhicules. Y'a pas un problème quelque part ? Ce maire nous l'avons élu ou nous l'avons couronné ? Ces pratiques correspondent plus à ce qui peut se passer dans un royaume ou une principauté que dans une commune qui - sauf scoop - n'a pas fait sécession avec la république française.

Et pourtant c'est passé comme une lettre à la poste. Pourquoi ? Parce que nous sommes au début d'une mandature. Parce qu'au début d'un mandat un maire est quasiment intouchable surtout s'il a été bien élu comme c'est le cas du nôtre. Dans tout mandat municipal il y a des cycles. Au début la légalité et la légitimité se confondent. Après elles se distinguent en fonction des résultats de la politique menée.

Il y a dans la fonction de maire quelque chose d'ancien régime, de seigneurial ou de monarchique, qui fait vibrer les ambitieux et chez nous ils sont beaucoup. Mais en 2014 il serait peut-être temps d'oublier le 18ème siècle. Un maire, c'est un maire, pas une vedette people ni le père du petit peuple qui nous fait partager sa vie privée. On ne lui demande pas d'être heureux on lui demande de nous rendre heureux ou plutôt de créer les conditions du "vivre ensemble". Ce n'est pas MOI MOI MOI. C'est NOUS NOUS et encore NOUS.

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